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l'isole (lu monde. II y tiessc vaguement ce que le robuste Balzac appelle « les beaux plans de l'artiste fumeur ». Il rêve son (ruvre comme il rêve sa vie, et son œuvre et sa vie, lentement, se dissolvent dans celle attente d'un événement imprévu qui réaliserait le songe.

Nlallarmé le sait, il se le dit jusqu'à la fatigue, jusqu au découragement absolu : le royaume des poètes n'est pas de ce monde. Le goût de la mort s'installe dans la pensée de Mallarmé. Dès 1878, il fait le Tombeau de Théophile Gautier, puis le Tom- beau de Baudelaire, d,' Edgar Poe, V Hommage funèbre à Richard Wagner, ù Verlaine. Il attend que la mort libératrice le dégage non de « ce corps de mort », car nulle part la foi cbrétienne n'apparait au cours de l'œuvre du poète, mais de la banalité, de la sottise de la vie et des vivants. Qui sait .^ il ne lui a manqué peut-être que de les connaître pour les aimer. Ce qu'il attend de l'ange terrible, c'est un rêve plus beau que les autres, un rêve de gloire et de force subite- ment réalisé :

Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change,

Le Poète suscite, avec un glaive nu,

Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu

Que la Mort triomphait dans cette voix étrange ^

Il voit le poète si grand, il ajoute à l'œuvre écrite

1, Le Tombeau d'Edgar Poe. Poésies complètes. Bruxelles, Dumas, 1899.