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-= ^ LE SYiMBOLISME ^

Vers 1888, Verlaine écrivait à Louis-Xavier de Ricard :

(( Vous êtes sans doute au courant du mouvement, au fond, néo-romantique actuel. C'est très, c'est trop jeune, mais ça vit, n'est-ce pas? C'est bien la suite de notre Parnasse, et, dans tous les cas, ça casse un peu l'affreux Naturalisme. »

(( Casser l'affreux Naturalisme », tout était là, en effet, et Verlaine, romantique malgré lui, portait la révolution dans la pensée, mais surtout dans la forme du vers :

De la musique avant toute chose.

Ses Fêtes galantes, par l'inquiète fluidité du lan- gage et des impressions sentimentales, détonnaient chez les impassibles, délicieusement, comme un lise- ron vivant et humide sur le socle d'un marbre grec.

Tel ne fut. pas l'idéal de Mallarmé. Les différences entre eux s'accusaient, d'ailleurs, immenses. Aussi, quand Gustave Kahn parla de a desserrer le vers » pour en arriver au vers libre, Mallarmé, tout en recon- naissant le mouvement pour intéressant et viable, affirma sa volonté de « resserrer encore sa technique jusqu'aux dernières possibilités ».

Sa très haute personnalité le poussait à subtiliser sur la forme et sur la pensée. La parfaite beauté de sa métrique, la noblesse de sa pensée et de sa vie, le posèrent comme un exemple aux yeux des jeunes