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de SCS pensées désordonnées, mais à soumettre ces pensées et ces sensations à l'ordre ahsolu de la Nature, à se soumettre, lui cl son clia^j^riii, à ce [)laii (ju'il ne connaît pas, auquel il adlicre d'avance et voici qu'une lumière sereine, égale, l'emplit.

L'insidieuse nuit m'a grisé trop longtemps,

Pensif à ma fenêtre; () suave matin, je Vi'ille et je t'attends,

llùte-toi de paraître.

Viens ! au dedans de moi s'épandra ta clarté

En élément tranquille; Ainsi l'eau te reçoit, ainsi l'obscurité

Des feuilles te distille.

jour, ô frais rayons, immobilisez-vous,

Mirés dans mes veux sombres, Maintenant que mon cœur, à cliacun de ses coups.

Se rapproche des ombres*.

Et ailleurs ;

Les morts m'écoutent seuls, j'habite les tombeaux. Jusqu'au bout, je serai l'ennemi de moi-même. Ma gloire est aux ingrats, mon grain est aux corbeaux ; Sans récolter jamais, je laboure et je sème.

Je ne me plaindrai pas. Qu'importe l'Aquilon, L'opprobre et le mépris, la face de l'injure, Puisque, quand je te touche, ô lyre d'Apollon, Tu sonnes chaque fois plus savante et plus pureP

I. Jkan Moréas, Les Stances. Edilion du Mercure de France.

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