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^ JEAN MOUKVS "^

Ce n'est pourtant pas que les symbolistes eussent renié leur querelle. Verlaine, dans ses Invectives, tan- tôt blâme et tantôt bénitles membres de notre Pléiade. Henri de Régnier ne perd pas une occasion de leur taire sentir la férule de critique que lui avait impar- tie le Mercure de France. Récemment, à la mort de Lionel des Rieux, il en a fait sa coulpe devant cette jeune tombe glorieuse. Quant à la presse mondaine, si elle avait honni les symbolistes pour ne les point comprendre, elle silllales renégats parce qu ils se sou- mettaient aux règles. Un article d'Henri Fouquier se terminait par ces paroles : « // ne faut pas oublier que les serins ne chantent qu'en cage. »

Ceci n'empêchait nullement les poètes de tra- vailler : le martyre, même bénin, est la meilleure pro- pagande. La Bibliothèque artistique et littéraire, sous l'emblème de la Minerve, publia la Métamorphose des Fontaines de Raymond de La Tailhède, dont les pre- miers mots : (( Moréas, je t'invoque », indiquent assez la tendance. Le livre, conçu dans le plus pur esprit roman, œuvre de haute mythologie, pleine de nobles images, restera une très belle œuvre quand la folie nous aura passé de demander de l'actualité aux poèmes.

La Tailhède était arrivé à Paris sous l'égide de Jules Tellier, qui a^ait été son professeur, élève lui-même de Jules Lemaître. Une tendre amitié les avait réu- nis et c'est à la mort de Jules Tellier, par les vers écrits pour son Tombeau, que La Tailhède avait