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-iç^ LE SYMBOLISME <^-

rythme surprenant. Pour ses poèmes à faire, il en était tout de même. Tant qu'ils n'étaient pas, dans son cerveau, mûris à leur point de perfection, il n'était pas capable de les écrire; mais, parvenus à ce point, Moréas les dictait d'un coup et il ne fut pas sans exemple — surtout pour son Iphigénie — de le voir dicter 3oo vers de suite sans la plus petite rature. Les poèmes terminés prenaient leur place naturelle dans le riche écrin de son cerveau, avec l'image du fait ou du paysage qui en avait été la sensation ini- tiale. C'étaient de magiques illustrations, malheureu- sement éteintes avec lui et dont nous retrouvons quelques reflets à peine dans Feuillets ou dans Pay- sages et Sentiments . Quel charme on éprouve à cette lecture ! Ce sont des notes, mais senties, écrites avec l'âme la plus moderne, dans le style le plus classique. Il a toute la mollesse précise de Fénelon, l'un des rares prosateurs du xvii*' siècle qui ne soient pas secs. Ceci, par exemple : « L^ Automne embellit aussi le cours des fleuves et principalement celui de la Seine ^ » ; ou, avec quelque malice, en parlant de M"^ Sand : (( Les femmes mentent plus naturellement que les hommes. C'est une infériorité et une grâce de plus )) ; ou encore, sur ses chers paysages de Paris : « La Seine coule avec la simplicité dun hexamètre homérique . » Quel plus bel éloge, venant de celui qui disait

I. Paysages et Sentiments : L'Automne. Edition du Mercure de France.