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  • = -^ LE SYMBOLISME <^ =»

L'apostrophe de Tritogéni' remplaçant un e, qui ne s'élide point, est-elle assez de la Pléiade dans une pièce qui, sans elle et sa rime « habites précipite », serait en tout point digne de Banville P Moréas était idolâtre de la Renaissance : il y puisait une forme d'art qui le rapprochait à la fois du sentiment commun — ce qui est classique — et de la langue courante, mais plus pure et plus élevée. Deux critiques le com- prirent : M. André Beaunier, dans le Figaro, et M. Charles Maurras, ami du poète, qui vit en lui, à juste titre, l'homme fait pour réconcilier la tradition et le symbolisme, c'est-à-dire reporter à Ghénier la poésie française, par-dessus le romantisme importé d'Allemagne et d'Angleterre, qui avait profondément gâté le goût, la langue et la mentalité de notre pays.

Il y a, dit-il en substance, deux écoles de poètes : l'une purement pittoresque dont Théophile Gautier est le prototype, l'autre purement subjective, dont Sully Prudhomme a montré dans ses vers délicats et fermes toute la grâce et la profondeur. Les symbo- listes ont voulu marier ces deux écoles : ils se sont souvenus de la parole de saint Paul : (( Considérez ce monde comme une image inversée dans un miroir. » Ce que M. Moréas et les symbolistes de sa sorte ont voulu faire de la vie, c'est ce que Dante fit de Béa- trice Portinari, une figure idéale, transposée de la réalité dans l'absolu. Quant au langage, rien n'est plus classique, plus conforme au génie français que