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V

^^ -^ LE SYMBOLISME ^ —

Dans la forêt du charme et des merveilleux rites, Gnomes compatissants, pendant que je dormais, De votre main, honnêtes gnomes, vous m'offrîtes Un sceptre d'or, hélas ! pendant que je dormais.

J'ai su depuis ce temps que c'est mirage et leurre, Les sceptres d'or et les chansons dans la forêt; Pourtant, comme un enfant crédule, je les pleure Et je voudrais dormir encor dans la forêt.

Qu'importe si je sais que c'est mirage et leurre ' !

Les Cantilènes parurent en 1886 et cette année marque dans la vie du poète, car il publia, en colla- boration avec Paul Adam, le Thé chez Miranda et ce fut le 18 septembre qu'il fit paraître au Figaro son manifeste relativement au Symbolisme, dont il épousait la querelle. Avait-il choisi, comme on peut le supposer chez un symboliste, ce jour des Panathénées oii l'Eglise catholique fête encore sainte Sophie, pour affirmer ses convictions ? Cela se peut, et la déesse fut propice au poète en raison même de cet hommage. Le symbolisme de Jean Moréas s'éloigne infiniment de celui de Mallarmé : « Ennemie de ren- seignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la des- cription objective, la poésie symboliste cherche à vêtir ridée d'une force sensible qui néanmoins ne serait pas son but à. elle-même, mais, tout en servant à exprimer

I. JeaiN Moréas, Cantilene. Vanier éditeur.