Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

i^j Jl LKS L\K()H(;rK <^

Charles llciiiy. Celui-ci n'était pas l'un des moindres attraits du groupe : (^iharles Henry, mathématicien et chimiste, a recueilli avec une patience d'amant et de chartiste les lettres de M""" de Lc^spinasse et les a pré- facées dans le plus joli lan'j:age du wni siècle. Esprit délicat et pénétrant, il se plaît aux couleurs, aux par- fums, aux vers d' Homère, capable d'un madrigal ex(juis comme d'une écjualion transcendante, né pour 1 allolement de la science olTiciclle qui ne sait où clas- ser cet animal hybride, spécial en toutes choses, né aussi pour l'enchantement et la gloire de ses anfis.

Malade, Laforgue se vit entouré de leurs soins, de ceux du bon et délicat poète Camille Mauclair, mais surtout de sa chère femme, (( le petit personnage », Leah Lee aux grands yeux bruns, qui ne sut pas lui survivre. Il mourut le 20 août 1887.

Dans une si courte vie, son œuvre est pourtant considérable. Sa technique — car il en avait une, et très arrêtée — fut celle que Paul Fort a reprise depuis avec plus de bruit et moins de talent : la simplification du vers, le retour aux formes populaires. Il négligea volontairement l'unité de strophe. Peut-être eût-il repris ces poèmes qui ne furent publiés qu'après sa mort. On voulut voir dans cette forme plutôt lâchée un renouvellement complet de la formule poétique, et ce fut de là que partit la réputation de Laforgue dont on a fait un chef d'école, d'une école qui lui res- semble assez peu.