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-^ 5^ PRÉFACE ^ ^

tile de nous me tire en garde contre certaines tendances. Peut-être y aurait-il profit pour nous, certes, à nous dépouiller désormais d'un excès de pessimisme, d'in- différence pour la vie publique, à ne point céder si facilement à toutes les suggestions du rêve ; mais oserais- je dire que l'image de ces grands morts ne sort pas si maltraitée de T aventure qu'on aurait pu le craindre? Sans doute ils témoignent que la France fut atteinte à un certain moment d'une crise de langueur, mais ils gardent leur principale noblesse qui est la persistance de la foi au milieu de ténèbres et leur incorruptible désintéressement à travers une vie de misère et de pri- vations. Ont-ils exercé, après tout, une action si dépri- mante, ces poètes qui n'ont pas empêché de se lever une génération éprise de sports, de grand air et d'exercices violents ? L'exemple de Verhaeren prouve ce qu'ils auraient été capables de faire s'ils avaient survécu. Verlaine lui-même nous conseille de nous méfier de (( trop d'artisterie » . On entend chez lui la voix de la Patrie :

prodige ! en nos cœurs le frisson radieux

Met à travers réclat subit de nos cuirasses,

Avec un violent désir de mourir mieux,

La colère et Vorgneil anciens des bonnes races.

Allons, debout! Allons, allons, debout ! debout!

Assez comme cela de hontes et de trêves !

Au combat ! au combat ! Car notre sang qui bout

A besoin de fumer sur la pointe des glaives.

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