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-= *^ LE SYMBOLISME <^ ^

seraient leA'és pour aller à lui. Une école se forma autour de son (c audition colorée ». Mais, de ces élèves, qui sont aussi les fils spirituels de Mallarmé, un seul a été jusqu'ici fidèle autant que logique: c'est M. René Ghil.

La formule de ce poète a pu sembler une gageure, car elle transpose aux plus vastes compositions philo- sophiques la méthode de Mallarmé pour ses petits tableaux de chevalet. Ce n'est pas sans un certain effa- rement qu'on lit des vers comme ceux-ci :

Ah ! sur les terrasses en pressant nos épaules

Longtemps, parmi la nuit d'étoiles à meurtrir

Notre gloire, passons ! mes Yeux pleurent les Femmes

Qu'ils n'ont point vues et qu'ils ne verront pas. L'air

Est algide, qui m'environne du désert

De leurs manquantes présences, leurs doigts de vie

Que mon amour voulut de toutes pierreries

Multi- ardentes aux soleils ivres, alentir !

Sur mes lèvres, leurs doigts ont la langueur suave

Du doux vent qui s'en vient de la houleuse entrave

Des pétales et l'harmonie de l'atome

Et de l'astre énarrant en la nuit péristome

Le los sonore de l'Unité, du long geste

Elliptique et total de leur don nu s'atteste

Résumant l'heure entière des Epithalames

... Les Etoiles et les Femmes, sois-les-moi toutes,

toute-Aimée! sois-les-moi douces !...'

Mais il n'y a jDas à s'effarer, et, de cette formule,

I. René Ghil, Le Dire du mieux. Edition du Mercure de France.