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-= i^ LE SYMBOLISME <^ ^

Je ne puis plus, bercé par vos langueurs, ô lames ! Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. »

C'est pourtant ce retour au pays aimé tout de même que l'on n'a pas su voir dans Rimbaud. Là était sa grâce particulière et, s'il eût connu ce bon- heur dont il parle aA^ec tant d'avidité, sa force s'en serait accrue, et nous aurions de lui une œuvre plus complète. Il suffît, pour s'en rendre compte, de voir dans ses Illuminations, qui sont d'adorables Petits poèmes en prose, celui qui se nomme Après le Déluge, à la fois si ému et si inoqueur, qui se termine par cette phrase pleine de mystère : (( Et la Reine, la Sor- cière, qui allume sa braise dans le pot de terre, ne voudra jamais nous conter ce qu'elle sait et que nous ignorons. » On finit par se demander, ivre d'étran- geté, si la Sorcière n'est pas l'âme même de ce sin- gulier adolescent. Il faut lire, comme une musique incantatoire et dont on demeure obsédé, la pièce intitulée Aube :

(( J'ai embrassé l'aube d'été.

(( Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent et les ailes se levèrent sans bruit.

(( La première entreprise fut, dans le sentier déjà

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