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LE SYMBOLISME

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Je ne me saisissais pas fortement de cette entreprise . Je m'étais joué de son infirmité. Par ma faute, nous retournerions en exil, en esclavage ! Il me supposait un guignon et une innocence très bizarres, et il ajoutait des raisons inquiétantes. Je répondais en ricanant à ce satanique docteur et finissais par gagner la fenêtre. Je créais, par delà la campagne traversée par des bandes de musique rare, les fantômes du futur luxe nocturne.

(( Après cette distraction vaguement hygiénique, je m'étendais sur une paillasse. Et, presque chaque nuit, aussitôt endormi, le pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés — tel qu'il se rêvait ! — et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot.

(( J'avais, en effet, en toute sincérité d'esprit, pris rengagement de le rendre à son état primitif de fils du Soleil — et nous errions, nourris du vin des Pater mes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule. »

Il l'avait trouvée bien des fois, cette formule incom- parable du génie. Il nous a conté ses Délires dans Une Saison en Enfer, le seul ouvrage qui ait été publié de son plein gré et qu'il fit détruire, aussitôt son appari- tion chez Poot et C'*, 87 , rue Aux-Choux, à Bruxelles. Cet opuscule a été réédité et, auprès de choses déli- cieusement puériles, on y trouve la meilleure étude documentaire qui existe sur l'évolution de la forme et de la pensée d'Arthur Rimbaud. Il dit :

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