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-= -5^ LE SYiMBOLISME <^ --

(l'une mission divine, ils liront les bons auteurs — et Verlaine des premiers — et ils s'apercevront que ces maîtres n'ont pas négligé la syntaxe, qu'ils avaient une vaste lecture et que, si des inspirations soudaines leur ont été données, beaucoup n'en ont pas moins été laborieusement reprises et — qu'on nous permette un mot d'atelier — « fignolées » avec soin. Même, si certains poèmes ont pu éclore d'un seul jet, la per- fection de leur métier date de longue main et ne s'est pas improvisée.

Dans son Art poétique, Verlaine se plaint des a torts de la rime » et de l'éloquence ; mais s'il a supprimé toute la grandiloquence romantique — on ne saurait trop l'en bénir — il n'a rien renié de la parfaite tech- nique et, même dans ses derniers ouvrages, il demeure parnassien, ou à fort peu près. S'il a des négligences, nous prions le lecteur de s'en référer encore au passage de Banville sur Musset.

Le tort de notre époque a été l'incompréhension, pis, le mépris du métier. Il est certain que les parnas- siens l'avaient divinisé et que leur erreur fut de le préférer à toute chose. Cependant, faute pour faute, ce scrupule excessif semble préférable au lâché trop facile, au débraillé bizarre d'une Muse en pantoufles. Je me souviens de quelqu'un qui disait à Laurent Tailhade : « J'aime encore mieux voir l'oiseau bleu empaillé que haché pour la galantine. » Nous demeu- rons de son avis.

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