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CONTES POPULAIRES DE L’ILE DE CORSE

Le berger réfléchit un instant.

La reine n’était pas aussi belle que la femme qu’il venait d’épouser, mais qu’importe ! il serait roi. Cela le décida.

— « Oui, dit-il, je consens à être votre époux. »

À ces mots, le char et les chevaux enchantés disparurent et, de grand seigneur, le jeune homme se trouva le plus misérable de la terre. Sa beauté avait fait place à la plus affreuse laideur.

— « Quel est ce monstre ? dit la reine. Qu’on le chasse de devant moi.

— C’est votre mari, madame.

— Qu’on lui donne cent coups de bâton ; puisqu’il est si laid, il ne peut être mon époux. » Mais elle venait à peine de parler que la terre trembla, des éclairs sillonnèrent les nues et les deux parjures furent engloutis dans un gouffre profond qui s’ouvrit à leurs pieds.

La fée s’était vengée.

(Conté en 1882 par M. Antoine Joseph Ortoli [Olmiccia]).