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SA CORRESPONDANCE

XXV
Agrippa à Eustache Chapuys.

Fribourg en Suisse, 20 mars 1523.

Je ne vous ai pas encore écrit, Révérend Père et respectable Seigneur, et je ne sais pas trop comment m’en excuser aujourd’hui. En d’autres temps je vous donnerai les raisons de ma négligence et vous m’absoudrez sans peine, je l’espère. Je ne puis vous envoyer cette fois une longue lettre, car le courrier est là qui va partir et me harcèle. Considérez-moi, je vous prie, comme vous étant tout à fait dévoué, et croyez que je me montrerai digne en tout temps et en tous lieux de votre confiance. Je sais combien je vous dois, et que je ne pourrai jamais vous rendre assez en retour. En tout cas, je travaillerai et ferai tous mes efforts à ne pas paraître trop ingrat. Voici quelle est ma situation ici nos Seigneurs de Fribourg m’ont très bien accueilli et très bien traité ; ils me comblent de bienfaits, et cela un peu en votre faveur, car tous vous honorent et vous présagent toutes sortes de biens.

Mon épouse, votre commère, se rappelle humblement à votre Révérence. Nous vous recommandons aussi le cher petit Haymon[1]. Portez-vous bien, vivez heureux et content. Je me confie et me recommande à vous.


XXVI
Eustache Chapuys à Agrippa.

Genève, 6 avril 1523.

Votre lettre m’est parvenue, savant Henri, et elle m’a causé un très grand plaisir. Je désirais un peu savoir en effet ce qu’il était advenu de vous, depuis notre séparation. Mais ce dont je me suis le plus réjoui, c’est d’apprendre que nos Seigneurs de Fribourg vous aient si bien et si magnifiquement accueilli. Cela, et plus encore, était certainement dû à vos très grandes vertus. Aussi puisse Dieu vous favoriser et je souhaite à votre divin génie de pouvoir toujours se tirer avec honneur, selon sa coutume, des embarras de la vie.

Quant à notre cher petit Haymon, soyez sans inquiétude à son sujet ;

  1. Haymon était le fils aîné d’Agrippa et de sa deuxième femme, Jeanne-Loyse Titie. Chapuys, étant parrain du jeune Haymon, il s’intéressait à lui et le gardait souvent près de lui. Théodoric était l’unique enfant de sa première femme.