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HENRI CORNÉLIS AGRIPPA

tant arriver en peu de temps à éclaircir la vérité. Dès qu’elle sera reconnue, je vous le ferai savoir.

Quant à l’opinion théologique dont vous parlez, je vous dirai que je suis fortement de leur avis. Pour leur scrupule, que vous agitez et qui paraît vous causer beaucoup d’inquiétude, je ne doute pas de pouvoir facilement vous montrer en quoi et comment on doit s’en débarrasser. Il me suffirait de pouvoir causer avec vous en toute franchise, ou de vous écrire plus longuement en toute liberté. Vous savez, je pense, que le chrétien est l’homme le plus libre de tous, comme il est également l’esclave le plus obséquieux de tous c’est assez pour ce scrupule.

Au reste, cette question ne peut être examinée dans cette lettre, du moins relativement à ce qui me resterait encore à dire.

Soyez heureux. L’an 1521.


XXI
Eustache Chapuys à Agrippa.

Genève, 1522

Malgré l’opposition générale, Agrippa possède encore la confiance et la faveur de son Eustache, au même degré que s’il parlait monté sur le trépied d’Apollon. Mais Eustache, revêtu de fonctions publiques[1], est obligé de plaire au peuple, de suivre l’opinion plutôt que la vérité. Ayant eu l’envie l’année dernière de montrer ses sympathies pour vous, il a dû à grands frais, aux dépens de sa fortune publique et privée, se retirer et s’exiler, plein de craintes et d’inquiétudes. Voilà toute l’affaire. Il ne peut prendre part à vos banquets charmants, car il y est impérieusement contraint par la tyrannie de quelques personnages. Il prie les dieux que Thalès y prenne part à sa place avec tous les génies tutélaires.

Adieu. An 1522.


XXII
Agrippa à un ami.

Genève, 19 septembre 1522.

Salut, homme d’une distinction parfaite. J’ai écrit dernièrement une courte lettre sur mon affaire au Magnifique Chancelier. Elle lui a été

  1. Chapuys était encore alors Official de l’évêché de Genève, et cette situation était fort délicate à cette époque de l’histoire genevoise.