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SA VIE ET SON ŒUVRE

Charles-Quint[1], morceau de style qui n’a rien de commun avec l’histoire. C’est un compte-rendu minutieux de la manière dont se passait au xvie siècle cette cérémonie, intéressante pourtant par l’éclat des couleurs, le pittoresque et la pompe exigée par le protocole, comme aussi par la multiplicité des grands personnages qui y prennent part selon leur rang. Ce n’était là d’ailleurs que le prélude de plus sérieux travaux pour lesquels il s’empressait de demander communication de documents inédits.

Charles-Quint ayant eu son cadeau littéraire, il était juste que la gouvernante des Pays-Bas eût le sien. Si Marguerite de Valois, alors qu’elle préparait son mariage avec Henri de Navarre, reçut d’Agrippa un opuscule Sur le sacrement du mariage, accueilli comme une ironie, Marguerite d’Autriche reçut la primeur d’édition de la fameuse dissertation sur la Supériorité du sexe féminin[2], qui, depuis longtemps composée, devait être au début dédiée à la princesse française, mais dont les moines, après l’affaire Catilinet, avaient empêché la publication.


XV

Le nouvel historiographe impérial, depuis la mort de l’épouse qu’il adorait, n’avait plus le goût de résider à Anvers et, d’autre part, son changement de situation entraînait la nécessité de transférer sa demeure à Malines[3] : il vint s’y établir et y épousa une troisième femme, dont on ignore le nom et avec laquelle il ne fut pas heureux[4]. D’une incroyable activité, il travaille, se multiplie pour arriver à quelque fortune et s’occupe même de la vente de ses livres[5]. La publication de ses opuscules précède l’apparition de ses grands traités. C’est pendant le cours de l’impression de ceux-ci

  1. Le De duplici coronatione Cæsaris apud Bononiam historiola fut imprimé à Anvers et dédiée, en 1530, à Marguerite d’Autriche, morte peu de temps après, en décembre 1530.
  2. Ouvrage composé à Dôle en 1509 et imprimé à Anvers en 1529, chez Michel Hillenius, dans un recueil in-8o contenant les petits traités de Cornélis Agrippa.
  3. C’est à Malines que résidait Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas, et où siégeaient le Parlement et les Conseils du gouvernement.
  4. On ne sait sur ce point que le peu de renseignements fournis par Jean Wier, c’est-à-dire le mariage d’Agrippa en 1530 avec cette flamande et la répudiation qu’il en fit à Bonn en 1535, l’année même de sa mort à Grenoble, comme on va le voir plus loin.
  5. Epist., VI, 11.