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HENRI CORNÉLIS AGRIPPA

sans ressources à ce point qu’il n’avait pas l’argent nécessaire pour aller de Genève à Chambéry. Il était pauvre et seul alors ; sa femme était morte à Metz, où il passait en voyage de Cologne à Genève, et ce fut peut-être là un des plus puissants motifs qui lui firent abandonner la lutte. Il parle, dans diverses de ses lettres, de la santé de cette première épouse d’une fort touchante façon ; mais on ne trouve aucune lettre relative à la circonstance douloureuse de son deuil. Cela se comprend aisément : n’était-il pas à Metz même entouré de ses amis qu’autrement il n’aurait point manqué de prévenir ?

Le nom de cette femme est ignoré ; on sait seulement qu’elle était de Pavie, qu’Agrippa l’avait épousée vers la fin de l’année 1514. Elle suivit son mari en 1518 à Metz, où elle était remarquée par sa gentillesse et par l’étrangeté de son costume, au dire de Philippe de Vigneulles[1], qui la connaissait. Brennon lui donna la sépulture dans son église de Sainte-Croix de Metz, et le philosophe ne manqua jamais de s’acquitter pieusement du devoir des anniversaires pour le repos de l’âme de la défunte[2]. Du 21 mars 1521 à une date quelque peu antérieure au 26 juin, se placent d’après sa correspondance[3] son départ de Cologne, son passage dramatique à Metz, son arrivée en Suisse et son installation à Genève où il emmena avec lui son fils Théodoric, qui avait dû voir le jour en Italie au commencement de l’année 1515, et dont on perd la trace vers 1522.


VI

Son veuvage n’eut guère que la durée d’une année puisqu’il convola bientôt en secondes noces avec une Genevoise, Jeanne-Loyse Tissie, dont il célèbre sur le même ton lyrique, qu’il avait employé pour sa première femme, la jeunesse, la beauté, la douceur, le dévouement et la noble parenté. Cette jeune fille était née le 9 septembre 1503 et son mariage eut lieu à Genève le 17 septembre 1521. Agrippa fera plus tard aussi un pompeux éloge funèbre de cette nouvelle compagne[4].

  1. Dans Huguenin, chroniques de la ville de Metz, p. 756.
  2. Voir l’éloge qu’il en fait dans sa lettre 19 des Epist., liv. II, et les fondations pieuses à son intention, dans Epist., IV, 20, 27.
  3. Epist., III, 6 et 7 ; I, 47 ; II, 57.
  4. Epist., III, 60 ; V, 81, 82, 83, 84, 85.