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HENRI CORNÉLIS AGRIPPA

et ami, comme Agrippa, du cardinal Schyner et de l’avoyer Falck, avait informé le pape des services rendus. Par un bref élogieux de 1513, signé du cardinal Bembo, sa sainteté remerciait le philosophe et lui envoyait sa bénédiction apostolique.

IV

De Cazal, où il s’était réfugié avec sa femme et son enfant, Henri Cornélis passa à Milan pour peu de temps, puis on le retrouve à Metz dans une nouvelle destinée. Il ne devait plus, en sa courte carrière, revoir l’Italie.

Il n’arrivait plus à Metz en fugitif. En Italie, s’il avait perdu du temps, comme il dit, et de l’argent, il s’était créé de très nombreuses, très actives et très chaudes amitiés, entr’autres celle du marquis de Montferrat, Guillaume Paléologue[1], ainsi que d’autres personnages italiens et français tant ecclésiastiques que politiques. Grâce à leurs recommandations, il fut nommé syndic, avocat et orateur de cette république[2], fonctions très importantes que son tempérament batailleur lui interdisait de conserver longtemps.

Il nous a conservé dans ses Opera omnia[3] le discours prononcé par lui devant la Seigneurie Messine à son entrée en fonctions : il explique à sa façon les circonstances qui l’ont décidé à les accepter. Dissimulant sous de pompeuses apparences la situation précaire à laquelle il était réduit quand il avait résolu de quitter l’Italie, il rend un hommage discret aux Laurencin qui, les premiers, avaient su attirer sur lui l’attention des Messins pour obtenir en sa faveur un emploi lucratif. On voit dans sa correspondance[4] avec les deux frères Laurencin Jean, commandeur de Saint-Antoine de Riverie en Piémont, et Ponce, commandeur de Saint-Jean de Metz, que les négociations étaient commencées dès le mois d’octobre 1517.

  1. Il lui avait dédié en 1516 son Dialogus de homine Dei imagine, traité également perdu (Opera omnia, II, p. 717 ; Epist., I, 51). Il en fit de même pour son Liber de triplici ratione cognoscendi Deum (voir Op. omnia, II, p. 480, et Epist., I, 52). — En 1518, il envoya au Duc de Savoie, mais sans résultat, son Orationis tomus in laudem serenissimi Ducis Sabaudiæ. (Op. omnia, II, p. 728.)
  2. Aux appointements de 120 livres, soit 180 florins d’or équivalant à 3600 francs d’aujourd’hui. Il trouva pour collègue, pensionnaire de Metz, Claude Chansonnette.
  3. Tome II, p. 1090 : Oratio ad Melensium Dominos. Outre cette pièce, on possède encore 3 autres discours d’Agrippa comme orateur de la ville de Metz.
  4. Epist., II, 4 et 9.