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HOMMES ILLUSTRES.

fils qu’il avait émancipé, il fut cité en justice, et porta le premier de tous la peine qu’infligeait sa loi.


XXI. L. Virginius le centurion.


Le peuple romain, fatigué de ses tribuns séditieux, créa des décemvirs pour en recevoir des lois écrites ; ces magistrats empruntèrent leurs lois aux livres de Solon, et les exposèrent sur douze tables. Il arriva qu’après s’être concertés pour retenir le pouvoir au delà du terme prescrit, Appius Claudius, l’un des décemvirs, conçut une passion violente pour Virginie, fille du centurion Virginius, que le service militaire retenait sur le mont Algide. Ne pouvant la séduire, il suborna un de ses clients, et l’engagea à la réclamer comme son esclave ; le succès était sûr et facile, puisqu’il devait être lui-même accusateur et juge. Virginius, averti de ce qui se passe, arrive à Rome, le jour même du jugement ; déjà il voit sa fille adjugée au client d’Appius, il obtient de l’entretenir pour la dernière fois ; alors il la tire à l’écart, la tue, charge le cadavre sur ses épaules, s’enfuit vers l’armée et l’excite à tirer vengeance du crime d’Appius. Les soldats nomment dix tribuns militaires, s’emparent de l’Aventin, forcent les décemvirs d’abdiquer le pouvoir, et les punissent tous, ou de la mort, ou de l’exil. Appius Claudius fut tué dans sa prison.


XXII. Arrivée d’Esculape à Rome.


Les Romains, attaqués de la peste, consultèrent l’oracle, et, sur sa réponse, envoyèrent à Épidaure, pour en amener Esculape, dix ambassadeurs, à la tête desquels était Q. Oguinius. Après leur arrivée, comme ils contemplaient tous avec admiration la grandeur extraordinaire de la statue du dieu, il s’en échappe un serpent, qui inspire plutôt là vénération que l’effroi : il traverse