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HOMMES ILLUSTRES.

riers ne prit qu’un chevalet un captif dont il avait été l’hôte : donnant ainsi le modèle du courage et du respect pour l’hospitalité. Consul à l’époque d’une grande disette, Coriolan eut soin de faire payer fort cher au peuple le blé qu’on avait fait venir de Sicile ; cette injustice avait pour but de forcer la multitude à cultiver les champs, au lieu d’entretenir des séditions. Cité alors en justice par le tribun du peuple Decius, il se retire chez les Volsques, les soulève contre les Romains, de concert avec leur chef Attius Tullus, et vient camper à quatre milles de Rome. Insensible à toutes les députations de ses concitoyens, il se laissa fléchir par Véturie, sa mère, et Volumnie, son épouse, qu’accompagnait un grand nombre de dames romaines ; il termina la guerre, et fut tué comme un traître. À l’endroit ou il céda aux larmes de sa mère, on éleva un temple à la Fortune des femmes.


XX. C. Licinius Stolon.


Fabius Ambustus maria l’une de ses deux filles au plébéien Licinius Stolon, et l’autre, au patricien Aulus Sulpicius. La plébéienne, dans une visite à sa sœur, dont le mari exerçait, comme tribun militaire, un pouvoir égal à celui des consuls, témoigna une crainte assez étrange au bruit des faisceaux dont les licteurs frappèrent la porte de Sulpicius. Plaisantée par sa sœur, elle s’en plaignit à son époux, qui, avec l’appui de son beau-père, fut à peine élu tribun du peuple, qu’il fit porter une loi en vertu de laquelle un des deux consuls devait être choisi parmi les plébéiens. La loi passa, malgré la résistance d’Appius Claudius, et Licinius Stolon fut le premier consul tiré du peuple. Le même Stolon rendit une loi qui défendait à tout plébéien d’avoir plus de cent arpents de terre. Et comme il en possédait lui-même cent cinquante, et pareil nombre encore au nom de son