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NOTICE SUR AURELIUS VICTOR.

vaux consciencieux. C’est par h qu’il avait obtenu l’estime et la confiance du grand Théodosc, qui l’honora des postes les plus éminents» Mais, bien qu’il ait mérité, par ses vertus , d’être chrétien! pcul-élrc serait-il téméraire d’affirmer positivement qu’il le fui en réalité, examinons impartialement ce difficile problème, qu’assurément nous ne nous (laitons pas do résoudre : nous exposerons seulement nos conjectures et nos doutes* Trois fois Aurelius Victor trace la vie d’Auguste, si l’on admet qu’il ail écrit les Hommes illustres et VEpilome, comme on le reconnaît pour être l’auteur des Césars; trois fois il garde le silence sur la naissance du Christ , que n’aurait pas manqué de célébrer, avec joie, avec enthousiasme, un écrivain qui eût suivi la religion chrétienne. Sous plusieurs empereurs les chrétiens sont horriblement persécutés; leurs angoisses, leurs tortures, leur martyre sublime n’arrachent pas une seule plainte à Aurelius Victor ; il ne voue pas A l’exécration universelle les Néron, les Déco, les Dioctétien; pas un mot en faveur de ses frères en religion; pas une apostrophe à leurs ardents persécuteurs; pas un éloge pour Constantin, lorsqu’il embrasse le christianisme. Il passe sous silence l’apostasie de Julien, et il ne le blâme nulle part d’être revenu au culte des faux dieux; il ne se félicite point lui-même de ne plus adorer les idoles , ce qu’il n’aurait pas manqué de faire s’il eût été chrétien. Dans son stylc,il cmploieloujours les expressions religioneSj deos, qui prouvent bien que la lumière de la foi n’avait point lui à ses yeux ; il aime h imiter, et il le fait souvent avec un rare bonheur, les belles pensées du païen Tacite. Disons enfin que, animé par l’inspiration du christianisme, Aurelius Viclor se fût élevé sans doute h la hauteur des Lactance et des saint Augustin; maïs, à part le mérite que nous nous plaisons à lui reconnaître, il ne sera jamais cité comme un auteur latin de premier ou même de second ordre. Toutefois, sans mériter, comme les Tacite et les Tile-Livc, de servir de modèle, pour lo stylo surtout, il serait , nous le pensons , d’un grand secours et d’une véritable utilité aux jeunes gens dans leurs études historiques, non-seulement à cause des faits importants qu’il renferme et qu’il environne de circonstances toutes différentes de celles des autres écrivains, mais encore par la sagesse et la solidité de ses réflexions. Je ne sais quel goût inné de vertu respire dons chaque