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HOMMES ILLUSTRES.

à la ville, qu’il fortifia de nouveaux remparts. Il confisqua les forêts au profit de l’État, pour l’usage des vaisseaux, institua l’impôt des salines, et fit construire la première prison. On lui doit la fondation d’Ostie, colonie favorable au commerce maritime, et qu’il établit à l’embouchure du Tibre. Il emprunta des Èques le droit fécial, qui autorisait les ambassadeurs d’un peuple à exiger la réparation d’une injure ; Rhésus en fut, dit-on, l’inventeur. Ancus exécuta, en peu de temps, ces améliorations ; mais enlevé par une mort prématurée, il ne put justifier toutes les espérances qu’il avait données comme roi.


VI. L. Tarquin l’Ancien » cinquième roi des Romains.


Lucius Tarquin l’Ancien, fils du Corinthien Damarate, qui, fuyant la tyrannie de Cypselus, émigra chez les Étrusques ; Tarquin, appelé lui-même Lucumon, quitta la ville de Tarquinies pour se rendre à Rome. À son arrivée, un aigle lui enleva son chapeau puis, après s’être élevé à une grande hauteur, vint le lui replacer sur la tête. Tanaquil, son épouse, habile dans la science des augures, en présagea qu’il monterait sur le trône. Tarquin, à force d’argent et d’adresse, acquit bientôt du crédit et même l’amitié intime du roi Ancus, qui le laissa pour tuteur à ses enfants ; il usurpa la couronne, mais sut gouverner comme s’il eût été roi légitime. Il créa cent nouveaux sénateurs, qui furent appelés pères des familles du second ordre. Il doubla le nombre des centuries de chevaliers : mais il ne put en changer les noms, détourné de ce dessein par l’autorité de l’augure Attius Navius, qui lui inspira toute confiance dans son art en coupant avec un rasoir la pierre qui servait a l’aiguiser. Tarquin dompta les Latins, bâtît le cirque Maximus[1], institua les grands jeux, triompha des Sabins et des anciens La-

  1. Très-grand.