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NOTICE SUR AURELIUS VICTOR.

d’Émilius Probus, le de Viris fui aussi attribué à Cornelius Nepos, et même à Tacite (c’était lui faire bien de l’honneur), sans doute parce que l’historien des Annales passe pour avoir écrit un Dialogue sur les illustres orateurs latins.

Au milieu de toutes ces fausses assertions, n’oublions pas que le savant Juste Lipse avait cru devoir en restituer la paternité véritable à Fabius Quintilien, autre riche à qui l’on prête volontiers… Puisque Fabricius et Schott ont pensé, malgré ces différentes opinions, que le de Viris était d’Aurelius Victor, disons en passant qu’il est glorieux pour ce dernier de se trouver mêlé à si bonne compagnie. Le de Viris toutefois n’est pas plus de lui que de Pline, de Cornélius Nepos, de Suétone, de Quintilien, ou de Tacite. Ce qui probablement a pu le faire croire, c’est que le style trahit un auteur étranger à l’élégance latine des siècles d’Auguste, ou de Tacite et de Pline le Jeune ; présomption qui serait beaucoup moins honorable pour notre historien. Mais, encore une fois, le de Viris ne lui appartient nullement ; car pour quel motif aurait-il composé trois fois la Vie de César Auguste Octavien : celle, ch. LXXIX des Hommes illustres ; celle, ch. Ier, des Césars, et celle, ch. Ier, de l’Epitome ? Pourquoi, d’une autre pari, un si grand contraste sous le rapport d’écrire l’histoire ? Chez l’un, dans les Césars, facilité, clarté, concision ; chez l’autre, dans les Hommes illustres, obscurité, pesanteur et sécheresse. Dans les Césars, la sagesse des réflexions prouve qu’Aurelius Victor, comme écrivain, n’eut pas moins de jugement que de probité. Rien de pareil dans les Hommes illustres… Ce livre cependant n’offre pas moins d’intérêt historique que l’on n’en trouve dans les Césars.

Avant de passer à quelques citations remarquables de ce dernier ouvrage, le seul qu’on reconnaisse comme appartenant en propre à Aurelius Victor, disons quelques mots sur l’Epitome ou Abrégé de la vie et des mœurs des empereurs.

A lire le titre seul, une grave difficulté s’élève sur son véritable auteur. L’Epitome serait-il de Victor, de Victorien ou de Victorin ? car tels sont les trois noms que portent les manuscrits : Victor, Victorius, Victorinus. Là-dessus, les critiques de s’escrimer à qui mieux mieux, sans pouvoir découvrir le véritable père de l’Abrégé. Nous avons expliqué, dès le commencement de cette Notice les raisons qui font récuser Aurelius Victor, comme auteur