ce qui est bien plus extraordinaire, après une victoire dans une guerre civile. Il mit, en effet, tous ses soins, toute sa sollicitude à assurer les approvisionnements; une immense quantité d’or et d’argent avait été enlevée et dissipée par le tyran Maxime : Théodose la restitua de ses deniers à la plupart des anciens propriétaires, alors que la libéralité des princes se bornait d’ordinaire à rendre, et bien difficilement encore, aux victimes des désastres quelques fonds de terre nus, quelques domaines dévastés. Mais abordons de plus minces détails, et, comme on dit, des particularités de cour; sortes de mystères qui captivent de préférence les yeux et les oreilles des hommes naturellement si curieux. Théodose respectait son oncle à l’égal de l’auteur de ses jours; il traitait comme ses propres enfants ceux de sa sœur et de son frère qui n’était plus; il avait pour ses parents et. pour ses proches le cœur et la tendresse d’un père; sa table, où régnait l’élégance et la gaîté, n’avait pourtant rien de somptueux; il variait la conversation, selon le goût et le rang des convives, alliant dans l’entretien l’agrément à la gravité; c’était le meilleur des pères, le mari le mieux d’accord avec sa femme. Ses exercices n’avaient pour but ni le plaisir ni la fatigue; aux heures du repos, il préférait les promenades pour récréer son esprit; la tempérance était la règle de sa santé. Ce fut ainsi qu’au sein de la paix il sortit de ce monde, à Milan, dans la cinquantième année de son âge, laissant à ses deux fils, Arcadius et Honorius, les deux empires dans un calme profond. Son corps fut, la même année, transporté et enseveli Constantinople.
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