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aimait les citoyens qu’il avait connus, même dans la condition privée, et il les comblait d’honneurs, de richesses, et de toutes sortes de bienfaits, principalement ceux dont il avait, lui ou son père, éprouvé les services dans l’adversité. L’intempérance et la passion des conquêtes furent une tache dans la vie de Trajan; mais Théodose eut tant d’horreur pour ces défauts, que, loin d’exciter les guerres, il les trouva toutes déclarées; de plus, il défendit par une loi d’admettre, dans les festins, les esclaves qui servaient à la débauche et les chanteuses, accordant à la pudeur et à la continence un tel respect, qu’il supprima les noces de ses cousines germaines, comme celles de ses sœurs. À contempler les lettres dans leur plus haut degré de perfection, Théodose fut médiocrement instruit, mais toutefois plein de sagacité et de zèle empressé pour connaître l’histoire des premiers Romains. Il ne cessait de maudire ceux d’entre eux dont il avait lu les actions superbes, cruelles et tyranniques, détestant les Cinna, les Marius, les Sylla, tous les despotes enfin, mais surtout les ingrats et les perfides. Si les indignités excitaient sa colère, du moins il s’apaisait presque aussitôt : ce qui faisait qu’un léger instant de retard suffisait quelquefois pour adoucir ses ordres les plus rigoureux. Il reçut en présent de la nature ce qu’Auguste tenait seulement de son professeur de philosophie. Ce sage s’étant aperçu que son élève s’irritait facilement; de peur qu’il ne prescrivit quelque acte de rigueur, lui conseilla, lorsqu’il commencerait à s’emporter, de répéter de mémoire les vingt-quatre lettres grecques, pour que son esprit prenant une autre direction, la colère, délire momentané, pût, dans ce court intervalle, se calmer insensiblement. Théodose fut, sans aucun doute, plus parfait encore : ce qui est le cachet d’une rare vertu, après plusieurs années d’un pouvoir souverain toujours croissant, et,