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Valens régna treize ans et cinq mois avec son frère Valentinien, dont nous venons de parler. Ce Valens, dans une guerre déplorable contre les Goths, est transporté, percé de flèches, dans la plus misérable des cabanes : les ennemis surviennent, y mettent le feu, et Valens périt dans l’incendie. Ce prince eut des qualités estimables. Il prenait avec bienveillance les intérêts des propriétaires, changeait les juges le plus rarement possible, était fidèle à ses amis, ne s’emportait contre personne au point de lui être nuisible et redoutable; il avait surtout une excessive timidité. Sous son règne, périt l’usurpateur Procope.

XLVII. Gratien et Maxime.

Gratien, né à Sirmium, régna huit ans et quatre-vingt-cinq jours avec Valentinien, son père, trois années avec son oncle et son frère; avec ce même frère et Théodose, quatre ans; enfin six mois avec tous ces princes et Arcadius. Il défit, près d’Argentaria, ville de la Gaule, trente mille Alamannes. Voyant que les Goths et les Taifaliens possédaient la Thrace et la Dacie, comme si elles eussent été leur pays natal; que les Huns et les Mains, plus terribles que tous les fléaux ensemble, menaçaient du dernier péril le nom romain, Gratien fait venir d’Espagne Théodose, objet de la faveur universelle, et confie l’empire à ce prince, alors âgé de trente-trois ans. Gratien fut très versé dans les lettres : il faisait des vers, s’exprimait avec élégance, et développait les controverses à la manière des rhéteurs; il s’occupait jour et nuit à méditer sur la manière de lancer les javelots; frapper le but lui semblait le comble de la volupté, un art vraiment divin. Frugal, dormant peu, vainqueur de l’ivresse et de