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dans la milice, il s’éleva jusqu’au grade supérieur de préfet du prétoire. Les titres de recommandation dont Gratien jouissait auprès de l’armée firent jeter le pouvoir aux mains de Valentinien, malgré sa résistance. Il associe à l’empire Valens, son frère consanguin et finit, d’après les conseils de sa belle-mère et de sa femme, par créer auguste son fils Gratien, qui n’avait pas encore atteint pleinement l’âge de puberté. Valentinien avait la figure noble, l’esprit inventif, le caractère grave, la conversation très cultivée. Bien qu’il fût sobre de paroles, sévère, rigoureux même, il ne laissa pas d’être entaché de vices, d’avarice surtout, passion qui fut très vive chez lui. Dans ce que je vais rapporter, il se rapprocha d’Adrien : il peignait avec le talent le plus gracieux, avait beaucoup de mémoire, inventait de nouveaux perfectionnements pour les armes, façonnait des statues de cire ou d’argile, tirait habilement parti des lieux, des circonstances et des discours : bref, s’il avait pu se passer des hommes pervers auxquels il s’était livré comme aux plus sages et aux plus fidèles amis, ou s’il eût été libre d’user des conseils de gens vertueux et instruits, il aurait brillé, sans nul doute, de tout l’éclat d’un prince accompli. Sous son règne, périt Firmus, qui alors en Mauritanie avait usurpé l’empire. Valentinien répondait à Bergence aux ambassadeurs des Quades, lorsqu’un coup de sang lui fit perdre la voix, sans rien lui ôter de sa présence d’esprit ; il expira dans la cinquante-cinquième année de son âge. Plusieurs historiens prétendent que cet accident fut causé par l’intempérance et les excès de table qui lui avaient fait prendre beaucoup d’embonpoint. Après sa mort, Valentinien II, âgé seulement de quatre ans, fut créé empereur par l’influence d’Equitius et de Mérobaude, après qu’on l’eut fait venir d’un lieu voisin où il se trouvait avec sa mère.

XLVI. Valens et Procope.