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rôle des femmes vertueuses, dont les sages conseils sont souvent d’un utile secours leurs maris. Car, sans parler des autres, on ne saurait vraiment dire combien Pompéia Plotina sut augmenter la gloire de Trajan. Les intendants de ce prince tourmentaient à tel point les provinces de leurs délations calomnieuses, que l’un d’entre eux passait pour aborder tout homme riche en lui disant : « Pourquoi as-tu? » Un autre : « D’où as-tu? » Un troisième : « Donne ce que tu as.» Plotine s’en prit vivement à son époux, et, lui reprochant d’être insensible à sa gloire, elle le rendit tel, que, par la suite, rempli d’horreur pour les levées d’impôt injustes, il comparait le fisc à la rate, qui se gonfle de l’épuisement des autres membres. Resté seul maître du monde romain, Julien, trop avide de gloire, marche contre les Perses. Attiré alors dans un piège par un transfuge, et se voyant, de tous côtés, pressé par les Parthes, il s’élance, avec un bouclier pour toute armure, hors de son camp déjà dressé. Tandis qu’entraîné par une fougue téméraire, il s’efforce de rétablir le combat, il est percé d’une longue pique par un ennemi, qui cependant fuyait devant lui. Rapporté dans sa tente, il en sort de nouveau pour encourager ses troupes; mais, perdant peu à peu tout son sang, il expire vers le milieu de la nuit, après avoir dit que c’était à dessein qu’il ne prescrivait rien au sujet de l’empire ; car, comme il arrive d’ordinaire dans le choc de tant d’opinions diverses, il craignait d’attirer sur un ami le danger de la haine, et sur la république le péril de la discorde d’une armée. Ce prince avait une rare habileté dans les lettres et dans les affaires : aussi protégeait-il les philosophes et les plus sages des Grecs. Son corps, toujours alerte et dispos, était vigoureux, même