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la fin dans tous les projets qu’il avait formés. Là où il était porté d’inclination, sa bienveillance était admirable et constante. S’il recherchait avec soin l’argent c’était pour le répandre avec grandeur et libéralité. Aussi ardent pour ses amis que contre ses ennemis, il enrichit Lateranus, Cilon, Anulinus, Bassus et beaucoup d’autres, en leur donnant des palais dignes d’être cités avec honneur; nous voyons encore aujourd’hui les plus remarquables, ceux qu’on appelle palais des Parthes et de Lateranus. Il ne permit, sous sa domination, de vendre les honneurs à personne. Assez versé dans les lettres latines, savant dans la langue grecque, il avait l’éloquence plus facile encore dans l’idiome carthaginois, parce qu’il était originaire de Leptis, ville d’une province d’Afrique. N’ayant plus la force de supporter les douleurs qu’il ressentait dans tous les membres et surtout aux pieds, à la place du poison qu’on lui refusait, il dévora avec avidité un plat de grosse viande fort lourde, qu’il ne put digérer, et il étouffa d’indigestion, à l’âge de soixante-cinq ans.

XXI. Aur. Antonin Caracalla.

Aurèle Antonin Bassien Caracalla, fils de Sévère, et né à Lyon, régna seul six ans. Il fut appelé Bassien du nom de son aïeul maternel. Comme il avait rapporté de la Gaule plusieurs sortes d’habillements, introduit à Rome les casaques ou caracacalles traînantes, et forcé le peuple à venir le saluer dans ce nouveau costume, on lui en appliqua le nom, et il fut surnommé Caracalla. Il tua Géta, son frère : crime que lui fit expier, par des accès de fureur, la poursuite acharnée des Furies, si justement appelées vengeresses; mais, dans la suite, il guérit de ce délire. À la vue du corps d’Alexandre de Macédoine, il se fit appeler Grand et Alexandre; les flatteries