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aussi de ce dernier nom, régna treize ans. Il montra tout d’abord quel tyran il devait être un jour : car son père l’avertissant, à sa dernière heure, de ne point laisser les barbares, déjà écrasés, reprendre des forces : « Celui qui vit, répliqua Commode, peut, même lentement, terminer les affaires; mais un mort ne peut rien. » Plus sanguinaire que tous les autres empereurs, les surpassant tous en débauche, en avarice, en cruauté, sans foi pour personne, et plus implacable encore envers ceux qu’il avait comblés des plus grands honneurs et de présents magnifiques, il fut si dégradé dans ses passions, qu’il combattit fort souvent dans l’amphithéâtre sous l’armure des gladiateur. L’affranchie Marcia, courtisane d’une rare beauté, qui, par ses charmes et par ses artifices, s’était rendue maîtresse absolue de son esprit, lui présenta, au sortir du bain, une coupe empoisonnée. Enfin un vigoureux athlète le saisit et l’étrangla : il mourut ainsi à l’âge de trente-deux ans.

XVIII. P. Helvius Pertinax.

Helvius Pertinax régna quatre-vingt-cinq jours. Comme il ne prit le pouvoir que malgré lui et après une résistance opiniâtre, on lui donna le surnom de Pertinax. De basse extraction, fait empereur lorsqu’il était préfet de Rome, il succombe, à l’âge de soixante-sept ans, sous les coups redoublés de Julianus, son assassin ; sa tête est promenée dans toute la ville. Telle fut la fin tragique d’un homme qui, nouvel exemple des vicissitudes humaines, avait passé par tous les degrés des emplois les plus laborieux, pour s’élever jusqu’au faite des grandeurs, en sorte qu’on l’appelait le jouet (la balle) de la fortune. En effet, issu d’un père qui était fils d’affranchi, il fut maître d’école, enseignant à lire aux enfants, chez les Liguriens, dans l’humble champ de Lollius Centianus, dont il avouait très volontiers, à