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populace de Rome l’ayant poursuivi à coups de pierres, il aima mieux l’apaiser en exposant les motifs de sa conduite, que de se venger des séditieux.

XVI. Marc-Aurèle Antonin et L. Verus.

Marc Aurèle Antonin régna dix-huit ans. Ce fut un prince doué de toutes les vertus, d’un génie divin, et qui sembla donné à l’empire comme un défenseur dans les désastres publics. Car, s’il n’était pas né pur cette époque, nul doute qu’une seule et même chute aurait entraîné la ruine de tout l’état romain. Nulle part, en effet, les armes ne laissaient le repos; des guerres éclataient dans tout l’Orient, dans l’Illyrie, l’Italie et la Gaule. Tremblements de terre suivis de la destruction des cités, débordements des fleuves, pestes fréquentes, nuées de sauterelles désolant les campagnes, enfin tout ce qu’on peut dire ou imaginer de fléaux venant d’ordinaire frapper les mortels des plus terribles angoisses, se déchaîna furieux sous le règne de Mare Aurèle. Il est, je crois, dans les attributions de la divinité, quand la loi de l’univers, la nature, ou quelque autre puissance inconnue aux hommes, produit l’excès des maux, qu’alors les sages conseils de ceux qui gouvernent viennent, comme les remèdes de la médecine, adoucir de si cruelles douleurs. Marc Aurèle, par un nouveau genre de bienveillance, associa à l’empire son proche parent, Lucius Annius Verus. Mais ce dernier, sur la route d’Altinum à Concordia mourut frappé d’un coup de sang, maladie que les Grecs appellent apoplexie; il était alors dans la onzième année de son règne. Passionné pour les vers, surtout pour les tragédies, il avait un caractère farouche et débauché. Après la mort de Verus,