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hauteur des maisons ne dépassât point soixante pieds, pour rendre leur chute moins facile, et les frais de réparation moins coûteux, en cas d’accidents nouveaux de cette nature. De pareils bienfaits lui méritèrent le nom de père de la patrie. Il vécut soixante-quatre ans.

XIV. Elius Adrien.

Elius Adrien, d’origine italienne, fils d’Elius Adrien, cousin germain de l’empereur Trajan, et natif d’Adria ville du Picenum, qui a donné aussi son nom à la mer Adriatique, Adrien régna vingt deux ans. Comme il était très versé dans les lettres grecques, on l’appelait communément le petit Grec. Imbu des études et des mœurs athéniennes, expert non pas seulement dans la langue, mais dans tous les arts de l’Attique, il savait chanter et s’accompagner de la cithare ; il était à la fois arithméticien, musicien, géomètre, peintre, sculpteur en airain ou en marbre, digue de rivaliser avec les Polyclète et les Euphranor. Enfin, il avait tellement le génie des sciences que bien rarement peut-être la nature s’essaya à former un type si parfait. Sa mémoire incroyable lui rappelait aussitôt les lieux, les affaires, les soldats qu’il citait tous par leurs noms, même les absents. Actif, infatigable, il parcourait de pied l’étendue de chaque province, devançant toujours ceux qui l’accompagnaient, soit que, dans ses courses à travers le monde, il relevait toutes les villes abattues, ou qu’il en accrût les ressources avec les troupes d’artisans qu’il menait à sa suite. Car il avait, sur le modèle des légions utilitaires, classé en cohortes et en centuries les serruriers, les arpenteurs-géomètres, les architectes, en un mot tous les ouvriers propres à élever des murailles ou à les embellir. Adrien était un véritable protée, qui prenait mille et mille formes diverses : né pour les vices et pour les vertus dont il semblait disposer en arbitre, réglant, par une sorte d’artifice la mobilité de