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XI. T. Flav. Domitien.

Fils de Vespasien et de l’affranchie Domitilla, Domitien, frère de Titus, régna quinze ans. Affectant d’abord la clémence, et déployant quelque énergie à l’intérieur, il paraissait encore plus actif à la guerre : aussi défit-il les Cattes et les Germains; il rendit la justice avec la plus grande impartialité. À Rome, il acheva plusieurs édifices commencés, et en construisit d’autres depuis les fondements. Comme un incendie avait dévoré les bibliothèques publiques, il répara ce désastre, en faisant venir de tous côtés, et surtout d’Alexandrie de nouveaux exemplaires des livres. Il fut si adroit dans l’art de lancer les traits, qu’en plaçant assez loin un homme, la main tendue, il faisait, entre les ouvertures de ses doigts, voler au delà ses flèches toujours sûres. Ensuite, tyran farouche et sanguinaire, il se mit à ordonner le supplice des bons citoyens; et, à l’exemple de C. Caligula, il se fit appeler seigneur et dieu. Dans sa ridicule apathie, il éloignait tout le monde, et poursuivait des volées de mouches. C’était chez lui une passion, un délire : exercice honteux qu’il appelait du mot grec klinop‹lh (exercice de lit). De là cette réponse à un homme qui demandait s’il y avait quelqu’un au palais : « Pas même une mouche, » lui dit-on. Les cruautés de Domitien, et surtout le nom injurieux de prostituée, qu’il donnait à Antonius, gouverneur de la haute Germanie, enflammèrent le courroux de ce dernier, qui voulut usurper l’empire. Mais Norbanus Appius le vainquit, pour l’empereur, en bataille rangée; et dès lors Domitien, redoublant de barbarie, se déchaînait, comme les bêtes féroces, contre les hommes de toute condition, sans même épargner les siens. Aussi la crainte qu’inspiraient tant d’atrocités, et des remords de conscience, poussèrent la plupart des gens du palais à conspirer