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provinces romaines, ainsi que la Judée. Les amis de Vespasien le prévenaient de se mettre en garde contre Metius Pomposianus, que le bruit public désignait comme devant régner; l’empereur le créa consul, faisant, par cette plaisanterie, allusion à ce qu’on disait : « Un jour il sera reconnaissant d’un si grand bienfait. » Pendant toute la durée de son règne, Vespasien eut un genre de vie constamment uniforme. Il se levait avant le jour, puis, après s’être occupé des affaires publiques, il donnait audience à ses amis, et, tandis qu’on le saluait, il mettait sa chaussure et son vêtement impérial. Ensuite, après avoir entendu toutes les affaires qui se présentaient, il se promenait en litière, puis se reposait: enfin, au sortir du bain, il prenait son repas d’un esprit plus libre et plus tranquille. J’ai dû, par affection pour ce bon prince, m’étendre plus longuement sur sa vie; car, depuis la mort d’Auguste, après un espace de cinquante-six an nées, il fut le seul appui que la république romaine, épuisée par la cruauté des tyrans, trouva, comme par un heureux destin, pour échapper à une ruine complète. Vespasien mourut à soixante-neuf ans, mêlant toujours au sérieux la plaisanterie, qu’il aimait par-dessus tout. Car, au premier bruit de l’apparition d’une comète chevelue : « Ceci, dit-il, regarde le roi de Perse, qui a des cheveux plus touffus que les miens. » Enfin, épuisé par un flux de ventre, il se lève sur son séant : « Il faut, ajoute-t-il, qu’un empereur meure debout. »

X. T. Flav. Vespasien (Titus ).

Titus, appelé aussi Vespasien du nom de son père, eut pour mère l’affranchie Domitilla; il régna deux ans deux mois et vingt jours. Dès l’enfance, appliqué sans relâche aux nobles études de la vertu, de la guerre et des lettres, riche de tous les dons de l’esprit et du corps, il fit voir à quel but élevé il tendait. Dés qu’il se fut dévoué