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attiré à lui toute la puissance de l’État, ou il n’en serait pas si longtemps resté le maître, s’il n’avait été comblé de tous les biens que donnent la nature et l’instruction.

II. Claudius Tibère.

Claudius Tibère, fils de Livie et beau-fils de César Octavien, gouverna l’empire vingt-trois ans. Comme il s’appelait Claudius Tiberius Nero, les plaisants le nommèrent fort élégamment, à cause de sa passion pour le vin, Caldius Biberius Mero. Sous Auguste, avant de prendre les rênes de l’État, il eut assez de prudence militaire et de bonheur pour qu’on pût lui confier avec raison le gouvernement de la république. Très versé dans les lettres, encore plus éloquent, mais d’un caractère odieux, cruel, avare, hypocrite, feignant de vouloir ce qu’il ne voulait pas, il semblait en apparence l’ennemi de ceux qu’il désirait favoriser, et l’ami dévoué de ceux qu’il haïssait ; plus heureux dans ses réponses et dans ses entreprises improvisées que dans celles qu’il avait méditées. Enfin, lorsque les sénateurs lui déférèrent le principat, il usa de ruse et fit semblant de refuser, épiant avec une atroce perfidie et les paroles et les sentiments de chacun : ce qui fut un arrêt de mort pour les meilleurs citoyens. Car persuadés, d’après la longueur de son discours, qu’il reculait sincèrement devant le lourd fardeau de la puissance impériale, en ouvrant un avis conforme à la volonté qu’il manifestait, ils devinrent victimes de leur franchise. Tibère réduisit la Cappadoce en province romaine, après avoir éloigné du trône le roi Archelaüs. Il réprima les brigandages des Gétules, surprit dans ses pièges Maroboduus, roi des Suèves. Dans l’excès de sa fureur, il punissait également innocents et coupables, fussent-ils Romains ou étrangers; il paralysa ainsi les forces de l’art militaire, et alors l’Arménie fut pillée par les Parthes,