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du mari de cette dernière, qui avait déjà deux fils, Tibère et Drusus. Quoique esclave de la débauche, il n’en punissait peut-être que plus rigoureusement les mêmes excès dans les autres, suivant l’usage de ceux qui sont sans pitié pour la répression des vices auxquels ils s’abandonnent eux-mêmes avec le plus de scandale. Car le poète Ovide, appelé aussi Naso, fut condamné par lui à l’exil pour avoir écrit trois livres sur l’art d’aimer. Ce qui dénote une humeur joyeuse et agréable, il se plaisait à toute espèce de spectacles, et principalement à ceux où figuraient des animaux inconnus, et en très grand nombre. Comme il entrait dans sa soixante-dix-septième année, il mourut à Noles de maladie. D’autres prétendent qu’il fut empoisonné par Livie, instruite du retour d’Agrippa, fils de sa belle-fille, d’Agrippa que sa haine de marâtre avait fait reléguer dans une île, et dont elle redoutait la vengeance, s’il parvenait au pouvoir souverain. Au reste, qu’Auguste ait péri naturellement, ou de mort violente, le sénat crut devoir lui décerner les honneurs les plus grands et les plus inouïs. Car, outre le titre de père de la patrie, que déjà il lui avait déféré, il consacra des temples à sa mémoire, et dans Rome, et dans les villes principales de l’empire, et chacun alors de s’écrier à l’envi « qu’Auguste n’aurait jamais dû naître ou ne jamais mourir. » Il débuta en tyran, il finit en bon prince. En effet, pour monter à l’empire, on le vit opprimer la liberté; et, lorsqu’il exerça l’autorité, il témoigna tant d’amour pour les citoyens, qu’une fois ayant vu, dans les greniers, du blé seulement pour trois jours, il résolut de mourir par le poison, si, dans cet intervalle, les flottes d’approvisionnement ne revenaient point des provinces. Elles arrivèrent, et l’on attribua à sou bonheur le salut de la patrie. Il eut le pouvoir cinquante-six ans : douze avec Antoine, et seul, quarante-quatre. Certes, jamais il n’eût