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avait obstrués de limon. De son temps, l’Égypte fournissait annuellement à Rome deux cent mille mesures de blé. Il mit au nombre des provinces du peuple romain les pays des Cantabres, des Aquitains, des Rhétiens, des Vindéliciens et des Dalmates. Il détruisit les Suèves et les Cattes, fit passer les Sicambres dans la Gaule, et rendit les Pannoniens tributaires. Après des guerres assez vives contre les Gètes et les Basternes, il les contraignit à faire la paix. Les Perses lui offrirent des otages, et lui laissèrent le libre arbitre de créer un roi. Les Indiens, les Scythes, les Garamantes et les Éthiopiens lui envoyèrent une ambassade avec des présents. Enfin il détesta tellement les troubles, les combats et les dissensions, que jamais, à moins de justes motifs, il ne déclara la guerre à aucune nation. Il n’appartient, disait-il, qu’à un esprit présomptueux et plus que léger, de sacrifier à la passion des triomphes, à une couronne de laurier, ou plutôt à des feuilles stériles, la sécurité des citoyens, et de la précipiter dans le péril par les chances incertaines des batailles. Rien, ajoutait-il, ne convient moins au général habile que la témérité : c’est faire assez vite que de faire assez bien : on ne doit jamais prendre les armes que dans l’espoir d’un intérêt bien réel; car une victoire stérile en avantages et féconde en désastres n’est-elle pas l’image de celui qui pèche avec un hameçon d’or? Que cet hameçon se brise et se perde, quelle capture pourra jamais, par son gain, compenser un tel détriment? Sous Auguste, les légions romaines furent taillées en pièces au delà du Rhin avec les tribuns et le propréteur. Ce revers causa tant de regrets au prince, qu’il se frappait la tète à coups redoublés contre les murailles de son palais; il prit le deuil, laissa croître ses cheveux, et donna tous les signes de l’affliction la plus profonde. Il blâmait aussi très vivement l’expression nouvelle et flatteuse inventée par son oncle, qui, jaloux de se rendre