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NOTICE SUR AURELIUS VICTOR.

rangeurs quand même d’avoir ici tout altéré, tout dénaturé, tout perverti sans scrupule, ni remords de conscience ? Heureux Aurelius Victor de les sauver d’un trop juste anathème, par le rang modeste, pour ne pas dire obscur, qu’il occupe dans la galerie historique des abréviateurs latins, quel que soit d’ailleurs son mérite, bien que toujours secondaire.

Car enfin, même sous le rapport biographique, on ne saurait le juger qu’imparfaitement et sur de simples probabilités. Le nom de sa patrie, l’époque de sa naissance, les ouvrages dont il fut le véritable auteur, la date de sa mort et des règnes sous lesquels il exerça des fonctions publiques, tout reste incertain à cet égard. Examinons succinctement ces divers points l’un après l’autre, en terminant par les livres que l’on a cru devoir lui attribuer ; c’est le côté critique et littéraire, celui sur lequel nous devons le plus nous étendre.

Était-il Africain ? C’est probable, à lire dans l’histoire des Césars, le seul écrit qu’il ait composé peut-être, les louanges qu’il prodigue au cauteleux et inflexible Septime Sévère. Là respire je ne sais quel sentiment d’amour-propre national, qui pourrait faire suspecter la candeur du panégyriste. Dans un autre passage des Césars, il dit que les meilleurs empereurs romains furent étrangers ; de là, l’éloge de Septime Sévère, qu’il s’efforcerait vainement toutefois de faire passer pour le modèle des bons princes. Quant à Carthage, permis à l’Africain Aurelius Victor (s’il était réellement Africain) de l’appeler l’ornement du monde, (terrarum decus) : ruinée par la fureur des guerres civiles sous les Gordiens, l’ancienne patrie d’Annibal méritait une si noble épithète de la part d’un écrivain d’origine africaine.

A tous les cœurs bien nés que la patrie est chère !

Né au IVe siècle, qu’importe la date de sa naissance, Aurelius Victor aurait pu fleurir depuis le règne de Constance jusqu’à celui de Théodose. En effet, au ch. xxviii de son livre réel ou supposé des Césars, il parlerait, comme d’une année qui lui serait contemporaine, de la 1110e année depuis la fondation de Rome, c’est-à-dire de la 348e de J.-C, ou de la 12e du règne de Constance. Il ferait aussi mention d’un tremblement de terre arrivé alors dans la ville de Nicomédie, sous le consulat de Cerealis : ce