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victime lui a été arrachée dans un moment d’égarement ou dans le désespoir de la douleur. La multitude s’assemble aussitôt autour d’elle ou de sa maison ; les clameurs et le tumulte vont sans cesse croissant, et ne laissent plus le temps de la réflexion. L’honneur, la crainte, le devoir se réunissent pour raffermir la victime dans sa funeste résolution, accomplie avec autant de précipitation qu’elle a été formée[1].

  1. En 1826, lorsqu’Ambala tomba entre les mains de la compagnie, la jeune femme d’un Brahmane, inconsolable de la perte de son mari mort en pays étranger, forma la résolution de se brûler avec ses parures. Un grand concours de peuple se forma autour d’elle dans la plus grande exaltation. J’étais alors absent, mais le mounshi, le thanadar et le soubadar, tous trois Hindous des classes élevées, prirent sur eux de prévenir le sacrifice. Ils dispersèrent la multitude et engagèrent la jeune femme à attendre la réponse à une dépêche qu’ils m’avaient expédiée. La menace d’emprisonner et de poursuivre les instigateurs, une pension de trois roupies par mois sauvèrent la victime. Elle vit aujourd’hui honorée dans sa famille et respectée de tous comme une satti, ce qui réfute l’idée généralement reçue, que la rétractation entraîne la honte