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ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE. — PRÉPARATIFS DE GUERRE. 435 est temps de donnera la nation française Tat- titude qui lai convient auprès des puissances étrangères, de signaler notre indépendance, de déjouer cette politique ténébreuse qui tend sans cesse à donner à la révolution une mar- che rétrograde, à soumettre notre gouverne- ment intérieur à l’influence de quelques princes étrangers , et à subordonner la volonté géné- rale d*un grand peuple à des lois qu'elle n’au- rait pas dictées ; il est temps de faire cesser des sujets d’inquiétude qui entretiennent dans un état continuel de fermentation le levain de nos divisions intestines, et de donner à l’Eu- rope entière une nouvelle preuve de l’énergie et du courage des Français. Votre comité a pensé qu’il était sage d’écarter de cette dis- cussion tous les faits qui peuvent paraître étrangers à la conduite première de la cour de Vienne. Les prétentions des princes pos- sessionnés en Alsace , et l’appui que l’empe- reur leur a donné , formeront un nouveau rap- port que votre comité se propose de vous faire incessamment. La lenteur des formes aux- quelles ce dernier objet peut être assujéti , et la différence des mesures qu’il peut entraîner, ont déterminé votre comité à l’envisager d’une manière isolée , et à le séparer des autres ob- jets qui devront vous occuper aujourd’hui. Telle est notre situation politique à l’égard de l’empereur, qu’il semble que l’alliance qui nous unit à lui n’ait été formée que pour l’in- térêt de là maison d’Autriche. Depuis le traité de 1766 , la France a continuellement prodi- gué ses trésors et ses soldats , soutenu une guerre désastreuse pendant sept années , em- ployé son crédit, et l’influence qu’elle avait ac- quise dans la balance politique de l’Europe, pour élever la puissance autrichienne , pour l’enrichir et lui ménager les traités les plus avantageux. Non seulement’elle a renoncé en faveur de cette nouvelle alliance à tous les rapports qu’elle avait entretenus avec les au- tres puissances , et qu’une politique plus éclai- rée lui eût fait conserver ; mais telle a été sa fidélité à remplir ses engagemens qu’elle n’a pu être arrêtée, dans les. services qu’elle n’a cessé de rendre à l’Autriche , ni par l’aigreur que d’anciens démêlés auraient pu produire , ni par les prétentions souvent exagérées de cette maison, ni enfin par la crainte d’aug- menter une puissance dont FMibition pourra devenir un jour un sujet d’inquiétude pour l’Europe entière. Des procédés de cette na- ture devaient au moins assurer à la France un juste retour , lorsqu’elle aurait à réclamer de l’Autriche les secours réciproques stipulés par un traité dont depuis plus de trente ans elle a supporté seule tout le poids ; cepen- dant , messieurs , quel garant l’empereur donne-t-il à la France de sa fidélité dans l’exé- cution de ce traité ? quelles peuvent être sur cet objet vos espérances ou vos craintes ? quelle a été, quelle est sa conduite à votre ^rd ? Nous ne remontons pas à une époque antérieure à la révolution ; nous consentons à regarder les griefs plus anciens comme une suite nécessaire de la corruption et de l’im- péritie de notre ministère ; mais en nous fixant à cette dernière époque , nous croyons devoir appeler votre attention premièrement , sur la protection ouverte que l’empereur a accordée aux émigrés ; secondement, sur cette réu- nion , ce concert des puissances , préparé et formé à notre insu par l’empereur lui-même, dont l’existence est attestée par des actes au- thentiques avoués et publiés par la cour de Vienne, et dont le but est ouvertement dirigé contre la liberté française. Lorsque les représentans de la nation fondèrent sa constitution sur l’éternelle base de l’égalité des droits politiques ; lorsque des hommes assez aveugles pour préférer des préjugés i leur patrie, s’exilèrent de son sein en formant l’odieux projet d’y apporter le fléau de la guerre civile , et de redonner au peuple français les fers qu’H avait brisés , c’est dans les états de l’empe- reur, de l’allié de la France, que des ci- toyens rebelles, devenus ses plus cruels en- nemis , ont obtenu une protection ouverte et déclarée ; c’est à Luxembourg que le traître Bouille a trouvé un asile, après avoir inutile- ment tenté de débaucher une partie de l’armée française. C’est de Luxembourg qu’il a écrit cette lettre , ou plutôt ce manifeste , où il me- naçait la France d’ime invasion étrangère ; où il osait annoncer qu*il dirigerait contre nous les forces des puissances voisines , sans que la cour de Vienne ait daigné le démentir t C’est alors que l’on vit se former de grands ra^emblemens de Français émigrés dans tes villes de la domination autrichienne. Vataa*