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CANTON DE LIFFRÉ

Pendant ce temps Marguerite avait mis au monde un fils qu’on appela Jehan et dont le baptême fut l’objet de fêtes splendides. Les vassaux furent conviés à un festin servi dans la cour d’honneur du château. Une immense table, autour de laquelle tout le monde prit place, était couverte de quartiers de vaches, de veaux, de porcs qui répandaient une odeur appétissante qu’on sentait à plus d’une lieue.

Les hommes et les gars avaient quitté la bique[1] pour prendre la carmiole[2] et les hannes[3] de noces. Les ménagères étaient parées de leur plus belle Marie-Louise[4] fraîchement lavée et repassée. Les couturières avaient remplacé les œillets des compères[5] des filles à marier, resserré d’un point le cotillon de penille[6] et remis des filets neufs à la devantière[7].

Pendant que les gars callaient les tonniaux de cidre, les vieux mettaient les fossets[8] et faisaient des puettes[9].

Les filles armées de havets[10], retiraient des chaudières des morceaux de viande destinés à remplacer ceux qui disparaissaient dans la bouche des convives. On but et l’on mangea ainsi trois jours durant.

  1. Vêtement de peau de chèvre ou de mouton.
  2. Paletot serrant la taille.
  3. Pantalon.
  4. Coiffe en tulle brodé.
  5. Sorte de corset.
  6. Jupe en laine cardée et en fil.
  7. Tablier.
  8. Espèce de clef pour tirer le cidre.
  9. Petit trou pour donner de l’air au tonneau quand on tire le cidre.
  10. Grande fourchette en fer à deux branches.