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CANTON DE JANZÉ

trant un tableau : « Voici, Madame, la bataille où le grand Frédéric battit à plate couture l’armée française. » Il en indiqua un second en faisant la même annonce, et ainsi de suite pendant un quart d’heure. Il s’agissait toujours, dans ces peintures, de la défaite de nos troupes.

La princesse bouillait d’indignation et donnait dans le dos à de Piré des coups de poings formidables.

Elle regardait le guide bien en face pendant ses explications comme si elle l’eût écouté avec intérêt.

La revue des tableaux terminée, au moment de sortir de la salle, elle prit tout-à-coup le larbin par le col de son habit et le secouant vigoureusement elle lui cria :

« C’est très bien ! maintenant tu vas me faire voir la fenêtre par laquelle ton maître le roi de Prusse s’est sauvé lors de l’entrée de l’armée française à Postdam après Iéna.

Il y avait effectivement, dans le palais, une croisée par laquelle le roi, surpris au moment de l’arrivée des Français, s’était enfui précipitamment.

Le marquis tremblant s’écria : Oh ! princesse, taisez-vous. » Elle lui appliqua un renfoncement sur son chapeau en disant : « Mais tu ne vois donc pas que ce sont tous des gredins ! »