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CANTON SUD-OUEST DE RENNES

prée derrière la maison, un grand nombre de squelettes humains, il n’y a pas beaucoup plus de vingt ans. Mais, comme la police était mal faite dans ce temps-là et que la maréchaussée allait elle-même se divertir dans ce mauvais lieu, on ne songeait point à inquiéter le bonhomme.

Ce dernier était d’ailleurs un maître fripon, un fin voleur, s’en allant la nuit par voies et par chemins. L’on n’osait rien dire, bien qu’on le surprit souvent à serrer le bien d’autrui, parce qu’il était méchant et malicieux, et qu’il avait bientôt jeté des sorts à ceux qui le rencontraient ; à preuve que la maison de Julien Ballard, le cantonnier, qui l’avait menacé de le dénoncer à la justice, fut bouleversée par des rats énormes restés inconnus jusque-là. Ces animaux rongèrent tout ce qu’il y avait, et si Ballard n’avait décampé au plus vite, c’en était fait de l’homme, il était mangé à son tour.

Et Jacques Tardif donc, qui avait le corps couvert de petites bêtes dévorantes, pour lui avoir jeté des pierres une nuit qu’il le vit dans son courtil à déraciner des pommes de terre. C’est encore un fait certain et avéré qu’il ne put s’en défaire qu’en allant porter deux écus de trois livres au vieux Jérôme, qui dit des paroles auxquelles il ne comprit goutte, et l’envoya, avant le soleil levé, au bord de la rivière, battre sa chemise pendant une heure avec une branche d’épine noire, après cela, ce fut fini, il ne fut plus jamais inquiété.

Je vous citerais bien d’autres faits du vieux sorcier, si je vous