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AU PAYS DE RENNES

et de liberté, qu’il devait faire bon dans les prés remplis de pâquerettes et de primevères, et que j’avais un pèlerinage à accomplir dans un cimetière de campagne sur la tombe d’un ami.

Une heure plus tard, je me dirigeais vers la gare pour prendre le train de Bruz.

Les troisièmes — qu’un voyageur facétieux, placé à côté de moi, appelait les premières roses, en regardant la couleur de son billet, — les troisièmes, dis-je, étaient remplies de pêcheurs, de promeneurs, de femmes, d’enfants et aussi d’amoureux. Tout ce monde remuait, fumait, mangeait, babillait, chuchotait, heureux de la perspective d’une journée dans les champs.

À Bruz, la bande joyeuse s’est dispersée, les pêcheurs vers Blossac, les promeneurs dans la direction du Boël, et les amoureux dans la forêt de Laillé.

La vieille et modeste petite église de Bruz, — plus originale, à mon avis, que l’orgueilleuse cathédrale qui l’a remplacée, — est encore debout au milieu du bourg, projetant son ombre sur les chétives maisons qui font cercle autour d’elle comme des enfants autour d’une grand’mère.

Cette petite église a inspiré à M. Robbes, peintre Rennais, un charmant tableau.

En 1084, l’évêque de Rennes, Sylvestre de la Guerche, fut fait seigneur de Bruz par Geoffroi, comte de Rennes. Le manoir seigneurial qui a servi longtemps de résidence d’été aux évêques successeurs