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ment comme contraire au bonheur, mais celle qui, en convenant qu’on ne peut être fort heureux sans aimer, veut qu’on n’aime que pour son bonheur, et qu’on surmonte un goût dans lequel on voit évidemment qu’on n’essuieroit que des malheurs.

Mais quand ce goût a été le plus fort, quand il l’a emporté sur la raison, comme cela n’arrive que trop, il ne faut point se piquer d’une constance qui seroit aussi ridicule que déplacée. C’est bien le cas de pratiquer le proverbe : les plus courtes folies sont les meilleures ; ce sont sur-tout les plus courts malheurs ; car il y a des folies qui rendroient fort heureux, si elles duroient toute la vie. Il ne faut point rougir de s’être trompé ; il faut se guérir, quoi-qu’il en coûte, et sur-tout éviter la présence d’un objet qui ne peut que nous agiter et nous faire perdre le fruit de nos réflexions ; car chez les hommes, la coquetterie sert à l’amour ; ils ne veulent perdre ni leurs conquêtes, ni leurs vic-