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nous aime encore, rien n’est capable de le réchauffer et de rendre à son amour sa première ardeur, que la crainte de nous perdre ou d’être moins aimé. Je sais que ce secret est difficile à pratiquer pour les ames tendres et vraies ; mais elles ne peuvent cependant trop prendre sur elles pour le pratiquer, d’autant plus qu’il leur est bien plus nécessaire qu’à d’autres. Rien ne dégrade tant, que les démarches qu’on fait pour regagner un cœur froid ou mécontent ; cela nous avilit aux yeux de celui que nous cherchons à conserver, et à ceux des hommes qui pourroient penser à nous ; mais ce qui est bien pis, cela nous rend malheureuses et nous tourmente inutilement !

Il faut donc suivre cette maxime avec un courage inébranlable, et ne jamais céder sur cela à notre propre cœur. Il faut tâcher de connoître le caractère de la personne à qui l’on s’attache, avant de céder à son goût ; il faut que la raison soit reçue dans le conseil ; non cette raison qui condamne vaguement toute espèce d’engage-