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ou prévenir une maladie de notre espèce, qui s’y oppose entièrement, et qui n’est que trop commune, c’est l’inquiétude ; cette disposition d’esprit s’oppose à toutes les jouissances, et par conséquent à toute espèce de bonheur. La bonne philosophie, c’est-à-dire, la ferme persuasion que nous n’avons autre chose à faire en ce monde que d’être heureux, est un remède sûr contre cette maladie, dont les bons esprits, ceux qui sont capables de principes et de conséquences, sont toujours exempts. Il est une passion très-déraisonnable aux yeux du philosophe et de la raison, c’est la passion du jeu : il seroit heureux de l’avoir, si on pouvoit la modérer et la réserver pour le tems de notre vie où elle sera nécessaire, et ce tems c’est la vieillesse. Il est certain que l’amour du jeu a sa source dans l’amour de l’argent ; il n’y a point de particulier pour qui le gros jeu (et j’appelle gros jeu celui qui peut faire une différence dans notre fortune) ne soit un objet intéressant. Notre ame veut être remuée par l’espérance ou par la crainte ; elle n’est heu-