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ne les aurez pas devant les yeux. Cette sobriété que vous vous serez imposée rendra le plaisir plus vif. Je ne vous la recommande pas pour éteindre en vous la gourmandise, mais pour vous en préparer une jouissance plus délicieuse. À l’égard des malades, des cacochymes, que tout incommode, ils ont d’autres espèces de bonheur : avoir bien chaud, bien digérer leur poulet, aller à la garde-robe, est une jouissance pour eux : mais ce n’est pas pour eux que j’écris ; un tel bonheur, si c’en est un, est trop insipide pour s’occuper des moyens d’y parvenir. Il semble que ces sortes de personnes soient dans une sphère, dont ce qu’on appelle bonheur, jouissance, sentimens agréables, ne peut approcher ; elles sont à plaindre, mais on ne peut rien pour elles.

Quand on s’est une fois bien persuadé que sans la santé on ne peut jouir d’aucun plaisir et d’aucun bien, on se résout sans peine à faire quelques sacrifices pour la conserver. J’en suis, je puis le dire, un exem-