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gourmandise, vous serez donc bien malheureux ; car si vous voulez vous bien porter, il faudra perpétuellement vous contraindre ? A cela je réponds que le bonheur étant votre but en satisfaisant vos passions, rien ne doit vous écarter de ce but ; et si le mal d’estomac ou la goutte, que vous donnent les excès que vous faites à table, vous causent des douleurs plus vives que n’est le plaisir que vous trouvez à satisfaire votre gourmandise, vous calculez mal si vous préférez la jouissance de l’un à la privation de l’autre ; vous vous écartez de votre but et vous êtes malheureux par votre faute. Ne vous plaignez donc pas d’être gourmand ; car c’est une source de plaisirs continuels ; mais sachez la faire servir à votre bonheur. Cela vous sera aisé en restant chez vous, et en ne vous faisant servir que ce que vous voulez manger : ayez des tems de diète ; si vous attendez que votre estomac desire par une faim bien vraie, tout ce qui se présentera vous fera autant de plaisir que des mets plus recherchés, et auxquels vous ne songerez pas lorsque vous